La frégate Fleur de Lys, lancée à Rochefort quelques années après sa grande sœur Hermione, connaîtra les méandres de la Charente, la rade d’Aix, effectuera des missions de reconnaissance le long des pertuis avant que n’éclatent les grands bouleversements de la Révolution.
C’est là qu’elle changera de nom en devenant La Pique et scellera ainsi son destin à l’Histoire.
Partant en avril 1794 pour les « isles du Vent », elle connaîtra son premier combat naval au large de la Guadeloupe en janvier de l’année suivante. Captive comme son capitaine, amenée en Angleterre, réparée pour servir à la flotte ennemie, elle prendra le nom de HMS Pique.
Son capitaine, prisonnier pendant presque une année à Portsmouth, libéré, échangé, ne tardera pas à repartir vers la Guadeloupe, nommé chef de la force armée de l’île de Saint-Martin.
En 1800, il est mis à la retraite, n’ayant pas été compris dans la réforme et la réorganisation de la Marine.
Alors, pourquoi après tant de services rendus à la République, ce capitaine, servant au Commerce, nommé sur les vaisseaux de la République par la Convention Nationale, peut-il être oublié des hommes ?
Il est certes difficilement identifiable par les chercheurs, son nom ayant été changé. De Daniel de Monconseil1, il est passé à Demonconseil, puis à citoyen Conseil tout court, à l’époque du « tutoiement obligatoire ».
Quant à la frégate, son destin sera définitivement scellé sur les côtes françaises en juin 1798.
La HMS Pique livrera un ultime combat contre la frégate La Seine et finira près de la côte, au lieu du Grouin du Cou, au large de La Tranche-sur-Mer.
Attaquée, démâtée, échouée, brûlée et coulée… puis oubliée !
Sa renaissance, comme un pied-de-nez à l’histoire, sera le fruit de la découverte de son ancre par le club d’archéologie sous-marine local. Remontée du fond des eaux, nettoyée, elle est aujourd’hui honorée tout près de la plage de la Tranche.
Depuis peu, à une courte distance, un canon miraculé de La Seine fait aussi face à la mer.
Le capitaine Conseil n’a laissé ni journal de bord ni mémoires. C’est à partir de documents originaux inédits que l’auteur a retracé sa vie, d’homme, de marin, de serviteur de la République, et de celle de son navire, dans ce Journal.