Chaque grand port a été riche de dynasties familiales qui ont créé et développé l’économie maritime et porté l’esprit d’entreprise et du profit sur les marchés ultramarins, coloniaux ou non. Bordeaux a bénéficié de plusieurs générations de familles qui ont défriché les territoires du négoce. Sans s’occuper de vin, en dehors de quelques vignobles, quatre à cinq générations de la famille Faure (avec leur maison Faure frères) sont devenues des acteurs de l’économie du rhum, du sucre, de l’océan Indien et des Antilles. Grâce à des archives de la famille, de banques et d’entreprise, leur parcours est reconstitué selon les règles de l’histoire d’entreprise (business history) avec sens critique et comparaisons. La position sociale des Faure sur la place de Bordeaux est également évaluée, par le biais des alliances matrimoniales et des croyances protestantes, des réseaux relationnels, des postes obtenus dans les institutions locales, en une contribution à l’histoire sociale du patronat et de la grande bourgeoisie régionale. La firme aura résisté aux nombreux soubresauts de la conjoncture, mais pas au krach des rhums qui frappe Bordeaux en 1931, et les efforts de reconversion auront manqué d’ampleur. Mais des Faure auront été ainsi mobilisés des années 1790 aux années 1950 en un beau cas d’étude du capitalisme familial européen. Et la famille a fourni une documentation iconographique qui illustre bien les étapes de cette histoire.
Famille, esprit d’entreprise, renom et internationalisation
(2025)