Cette correspondance inconnue du négociant rochelais Étienne Henri Harouard du Beignon est précieuse car elle date d’une période particulièrement sensible pour l’histoire de la ville et du port de La Rochelle, la guerre de Sept ans. Celle-ci s’acheva par le désastreux traité de Paris de 1763 qui entraîna, coup considérable porté à l’économie de la ville, la perte du Canada.
Dans ses lettres, Harouard décrit la situation dramatique d’un port privé d’activité ; il évoque les incursions anglaises qui bloquent les ports, les prises effectuées par les navires anglais, y compris des embarcations qui assurent la liaison avec l’île d’Oléron, les troubles apportés au cabotage effectué essentiellement par les Hollandais.
La correspondance du négociant retrace également le cadre social dans lequel il évolue, ses relations familiales, la gestion de ses propriétés qu’il suit attentivement ; ses lettres apportent d’infinies précisions sur la vie rochelaise de l’époque. À travers elles, c’est la vie quotidienne d’un notable rochelais qui est restituée avec des préoccupations très matérielles comme le prix des céréales ou la production de ses vignes. Ses lettres livrent enfin de précieuses indications sur la gestion financière des capitaux d’un négociant qui s’est considérablement enrichi dans le commerce, y compris négrier, et cherche à protéger son capital en plaçant avantageusement ses disponibilités, notamment dans l’achat de charges pour ses enfants.
Ces lettres restituent la vie du port et de la ville de La Rochelle à un moment important de son histoire et constituent un témoignage précieux et utile.