Au XVe siècle, les premières navigations ibériques le long des côtes d’Afrique de l’Ouest, puis vers l’Amérique et l’océan Indien, marquent le début de l’expansion océanique européenne et d’une forme radicalement nouvelle de mobilité : le voyage transocéanique. Pour survivre dans ce désert d’eau salée il faut mobiliser de nombreuses compétences, aussi bien pour diriger le navire, que pour préserver les vivres et maintenir les équipages en bonne santé. Véritable défi, tant les conditions sanitaires à bord sont propices aux épidémies : encombrement, promiscuité, saleté, présence d’animaux dans l’entrepont, etc. L’influence de l’environnement maritime, l’impossibilité de descendre à terre et le passage entre les tropiques – sous la zone torride – apparaissent alors comme les principaux dangers associés aux voyages transocéaniques. En tenant compte de leurs dimensions sociale et culturelle, ce livre propose une lecture nouvelle des questions de santé au temps de l’expansion océanique et des premières colonisations.
Le développement du voyage transocéanique et la constitution du premier empire colonial a profondément influencé l’histoire de la santé, des sciences et des techniques en France : émergence d’un savoir médical nouveau, apparition d’acteurs spécialisés, tels que les chirurgiens-navigants ou les médecins du roi installés dans les colonies. Ce livre trace la genèse de deux champs de la médecine à l’époque moderne : le premier s’intéressant aux maladies des gens de mer, et à l’hygiène navale, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs, des pratiques et des normes destinés à garantir la santé en mer ; le second consacré à la santé dans les colonies et sous les « climats chauds » des tropiques.