Collection :

La Charente-Maritime dans la guerre

1939-1945

« La Charente-Maritime n’eut qu’un loin­tain écho des com­bats à nos fron­tières. Relativement peu tou­chée par les bom­bar­de­ments, elle ne connut de la défaite que l’exode des popu­la­tions de l’Est et l’arrivée, somme toute paci­fique, par une belle jour­née d’été, des pre­miers élé­ments alle­mands. Le dra­peau à croix gam­mée rem­pla­ça le pavillon tri­co­lore, un lourd silence s’abattit sur nos villes et nos cam­pagnes. La rési­gna­tion, l’attentisme et le repli sur soi-même furent le lot com­mun de nos conci­toyens. On atten­dit en vain le retour des pri­son­niers de guerre, on apprit à se méfier les uns des autres, on s’habitua à la pénu­rie et à l’absence de liber­té, on s’attarda par­fois à croire les par­ti­sans du renon­ce­ment et à écou­ter les péro­rai­sons de ceux qui nous prê­chaient la rési­gna­tion et le repentir.

Le régime de Vichy, ce n’était pas seule­ment le fait de col­la­bo­ra­teurs notoires, de fas­cistes et de par­ti­sans, du retour à la terre et autres bille­ve­sées rétro­grades, c’était aus­si l’action quo­ti­dienne d’une admi­nis­tra­tion au détes­table et tel­le­ment repo­sant devoir d’obéissance aux ordres reçus. On conti­nua sou­vent d’acclamer le vain­queur de Verdun et d’oublier le même homme qui livra les juifs à l’occupant nazi. […]

Bien peu enten­dirent l’appel d’un géné­ral incon­nu à la radio de Londres. Et pour­tant, accom­pa­gné d’une poi­gnée de Français libres, il por­tait à nou­veau la voix de la France. Ici, comme par­tout dans le pays, se ren­con­traient celles et ceux qui ne se rési­gnaient pas. Les pre­miers contacts se nouaient, les adver­saires poli­tiques d’hier se ren­con­traient dans la clan­des­ti­ni­té, les pre­miers réseaux se for­maient, bien­tôt en liai­son avec les forces alliées et les auto­ri­tés de la France libre. Les pre­miers résis­tants tom­baient. La répres­sion se fai­sait de plus en plus lourde. Mais au fil des mois, le grain de la révolte et du patrio­tisme ne tar­dait pas à lever. C’est cette his­toire, avec ses héros, ses traîtres, ses vic­times et ses spec­ta­teurs atten­tistes que retracent Jean Combes et Albert-Michel Luc, avec leur talent et leur intel­li­gence des hommes et des choses ».

Bernard Grasset

Du même auteur :
Marins d’une terre, terriens de la mer 
(2024)