Récurrentes dans les discours des hommes et femmes politiques de nos jours, les images aquatiques ont une longue histoire inégalement explorée. Alors que la place de l’eau dans les représentations politiques de l’Antiquité et du Moyen Âge est assez bien connue, elle ne l’est guère en ce qui concerne l’époque moderne. Ce livre entend contribuer à combler cette lacune historiographique en analysant les usages que le pouvoir royal (Henri IV, Louis XIII, Louis XIV), le pouvoir ministériel (Richelieu, Mazarin) et le pouvoir nobiliaire (Fronde) faisaient du milieu aqueux, entre 1594 (sacre d’Henri IV) et 1715 (décès de Louis XIV), pour passer leurs messages politiques. Les puissants de ce long XVIIe siècle n’inventaient pas cette pratique, mais ils la cultivaient assez fréquemment et très subtilement. Douce ou salée, mesurable ou infinie, calme ou déchaînée, l’eau était un élément naturel extrêmement propice à la mise en scène de la glorification du gouvernement royal de la France aussi bien en temps de prospérité qu’en temps de crise. Entre l’époque des guerres de religion et celle des Lumières, la France baroque vit la naissance d’une flotte redoutable, l’expansion coloniale, la création des compagnies commerciales maritimes, l’agrandissement des ports et la construction de grands canaux : autant d’entreprises d’un État en voie de renforcement qui légua à la postérité des sources variées et abondantes. Peintures, gravures, médailles, sculptures, poèmes et décors des entrées royales invitent ainsi à une plongée au cœur des images aquatiques dessinées autour de la nef de la France, symbole d’une communauté qui est, aujourd’hui, celle de la République, après avoir été, hier, celle de la Royauté.