La mélancolie vagabonde est un mode exploratoire de l’immense désordre qui nous est confié. Des êtres déambulent entre le ciel et la terre, d’autres demeurent pétrifiés au seuil du grand bal sidéral… Des îles lointaines presque désenchantées aux citées fracassées, King Kong déjà boxe à rebours, quand, malheureux témoin des choses du vaste monde, Achille soliloque : « Il y a des lèvres tutoyeuses dans les yeux des passants. Pourtant, sous 39° de longitude ouest et 12° de latitude sud à peu près, je me suis rarement senti aussi piteux. J’avais plus de temps qu’il n’en faut pour entreprendre de réfléchir sérieusement à ce que put se dire King Kong enchaîné à fond de cales, et je retombais toujours sur la même phrase de Confucius : « Que pourrais-je bien faire de spécial ? De la course de char ? Du tir à l’arc ? Eh bien, va pour la course ! » King Kong aussi a eu du mal à se spécialiser. […] Quand on a connu sous la ligne de flottaison l’obscurité et la pourriture des cales, on imagine le salut placé du côté des cimes… Pauvre bête, il n’y a plus de refuge, juste plus ou moins de hasard dans la course à pied… » Après avoir perdu ses carnets de terrain, Charles Illouz tente de mémoire de replacer les abscisses et les ordonnées de quelques-unes de ses rencontres sur une trajectoire en chicane. Qui, comme lui, aime les dattes et le reflet de la lune sur le lac du Kelimutu évitera de lire ce qu’il a publié par ailleurs…