Singapour, la villemonde emblématique du capitalisme international et de la mondialisation libérale, donne lieu habituellement à une série de clichés souvent générés par une communication gouvernementale efficace : ordonnée, policée, disciplinée, beaucoup d’espaces verts, paradis du shopping et des affaires, place financière sûre, gestion économique exemplaire, la cité-État est souvent encensée dans les revues d’économie. Quant au touriste, au journaliste ou à l’homme d’affaires de passage, ils jettent un regard distrait sur la société locale, notant qu’on y mange très bien, que le téléphone fonctionne, et qu’il n’y a pas de blindés de l’armée à tous les coins de rue. Tout cela, certes, n’est pas faux. Ayant passé dix-sept années de sa vie à Singapour, immergé dans la population locale, l’auteur nous propose cependant une autre vision des choses : l’envers de la médaille en quelque sorte. Au-delà de son histoire personnelle atypique, par petites touches, il dessine le portrait plus contrasté d’une population chaleureuse et généreuse, beaucoup moins passive qu’on ne l’imagine, bien loin des clichés habituels qui en font une armée de fantassins disciplinés au service du capitalisme international. Il décrit aussi très concrètement les difficultés à exister d’une société civile à peine tolérée, toujours suspecte. Il évoque enfin l’évolution sociale rapide que connaît aujourd’hui la cité-État, confrontée à des difficultés importantes : démographie en chute libre, exiguïté du territoire, des infrastructures qui ne sont pas extensibles à l’infini, une immigration massive de moins en moins bien tolérée. De plus en plus, les citoyens de Singapour estiment avoir leur mot à dire et le font savoir.