Concevoir une marine de guerre impose la démesure. Ainsi s’exprime David Plouviez dont l’entreprise présente la même ampleur impressionnante. En effet, ses travaux publiés aujourd’hui portent sur les logiques de fonctionnement des réseaux d’approvisionnements de la marine militaire française au XVIIIe siècle, modalités indispensables à l’élaboration d’un outil naval performant dont l’objectif tend à la maîtrise des mers. Ce choix ambitieux, au pari réussi, place David Plouviez au plus haut niveau de cette jeune génération de chercheurs qui s’emparent allègrement de l’histoire, à la connexion de plusieurs domaines de recherche. L’histoire de la construction et de l’administration de l’État croise inévitablement l’économie de marché, l’histoire des techniques et celle de la marine. Avant de fendre les flots sous l’autorité de son commandant et de devenir une affaire de marins, le navire de guerre est une affaire de terriens. L’auteur en donne pour preuve, avec un sens certain de la mise en scène, cet inventaire à la Prévert que constitue la liste des pièces et objets nécessaires à la mise en oeuvre du navire de guerre. Le colossal volume, l’énormité des masses de matières premières et d’objets manufacturés forment l’entrée en matière d’un sujet essentiel à l’histoire de la marine d’État et de sa relation avec l’économie privée au cours du XVIIIe siècle.