La Guerre de Sept Ans (1756−1763) ne peut plus être considérée comme la fin de l’Amérique française. Certes l’État français disparaît du continent nord-américain (excepté pour une brève parenthèse en 1800 et 1803), mais les dynamiques culturelles, sociales, démographiques l’emportent ici sur les événements d’ordre guerrier ou politique. Un vaste « corridor créole », qui court des Grands Lacs au golfe du Mexique le long de la vallée du Mississippi et qui inclut les basses vallées de tous les affluents de la grande rivière, se forme alors et existe jusqu’au milieu du XIXe siècle, jusqu’à ce que d’autres dynamiques mettent fin à son existence. Ce vaste ensemble demeure animé par des migrations francophones, internes ou venues des vallées du Saint-Laurent ou de la rivière Rouge, ou encore depuis la France elle-même. Ce volume collectif témoigne dans leur variété de la vigueur des recherches récentes sur le sujet. De la Louisiane à Détroit en passant par Sainte-Geneviève, Saint-Louis ou Vincennes, ce sont tous les pôles de développement de cette Amérique française qui sont analysés, du temps des révolutions atlantiques à la veille de la Guerre de Sécession quand les États-Unis cherchent encore la meilleure définition d’eux-mêmes et que les francophones doivent trouver leur place dans les évolutions de la jeune République. En croisant l’histoire culturelle et celle des relations internationales, les approches genrées et l’histoire des missionnaires, l’histoire des réseaux migratoires et celle du patrimoine, la question de la langue et celle du métissage, les auteurs espèrent donner à lire une autre Amérique.