Ce livre examine les liens entre guerre, pacification, et pouvoir colonial à partir d’une anthropologie historique de la conquête française du Soudan occidental (Sénégal, Mali, Burkina Faso, et nord de la Côte d’Ivoire) à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Tout en contribuant à une histoire critique de cette conquête, il pose des questions d’ordre plus général sur les guerres asymétriques et le concept de pacification.
Un débat d’autant plus nécessaire que la pénétration vers le Niger fut, d’un point de vue chronologique, un prélude à la « ruée sur l’Afrique » par les Européens.
Le principal sujet est le recours à la guerre des conquérants français et des populations africaines. Ces dernières percevaient ces campagnes comme la poursuite d’un état de guerre qu’elles acceptaient ou, si elles se pensaient trop vulnérables, qu’elles essayaient de contourner par des initiatives d’ordre politique.
La période de la conquête coloniale est la dernière grande occasion pour la tradition orale africaine de construire le mythe des grands chefs guerriers, qu’ils soient alliés ou ennemis des Français, tels Samori ou Tieba Traoré de Sikasso.
Le rapport de guerre, qui se perpétue dans la pacification, constitue l’événement fondateur et le principe organisateur de la société coloniale.