En coédition avec Le Croît Vif.
« Vers les 11 heures, le condamné a eu un mauvais rêve ; Il parlait à haute voix et criait fort pendant 2 ou 3 secondes. Il s’est réveillé et, s’adressant par deux fois aux gardiens de garde, il leur a demandé « j’ai crié n’est-ce pas ? ».
Alfred Dreyfus est condamné au bagne, pour haute trahison, le 22 décembre 1894. Avant son envoi à l’île du Diable, il est incarcéré à Saint-Martin-de-Ré, isolé dans un quartier spécialement aménagé, surveillé en permanence au travers d’un grillage. Chaque jour, le gardien-chef rapporte au directeur les moindres gestes du détenu, ce qu’il a mangé, ses humeurs…
Les documents conservés aux Archives départementales de la Charente-Maritime témoignent de l’obsession sécuritaire de l’administration face aux passions que l’« Affaire » déchaîne. Ils sont confrontés avec la presse de l’époque. La parole est aussi donnée à Alfred Dreyfus. Des extraits de Cinq années de ma vie, publié en 1901, donnent aux documents d’archives un éclairage émouvant.