En 1848, le Gouvernement provisoire issu des journées de Février proclame le suffrage direct et universel. Cette décision est inédite, elle est aussi impromptue. En effet, le suffrage universel est encore une énigme. Nul ne s’accorde sur un tel concept qui apparaît davantage comme un slogan d’opposition à la monarchie de Juillet. Par ailleurs, la mise en œuvre du suffrage universel quarante-huitard se présente comme une gageure. Comment faire voter des millions de citoyens qui, pour beaucoup, n’ont jamais été électeurs ? Tout reste à faire, et à inventer : un corps électoral de masse, une géographie électorale, des pratiques. Toutefois, les quarante-huitards arrivent à relever le défi d’un suffrage de masse. Malgré de multiples difficultés, incidents et fraudes, le processus électoral arrive à son terme. Par l’adhésion qu’il suscite, le suffrage universel quarante-huitard s’impose alors comme un mode d’exercice légitime, fondateur et singulier d’une souveraineté populaire.