Baserritarrak, gens de la terre, ces hommes et femmes des campagnes basques d’hier furent aussi marins, contrebandiers ou blanchisseuses, souvent même, le temps d’une jeunesse, laitiers à Buenos Aires ou bergers dans la pampa argentine. Ils n’ont laissé ni mémoires ni correspondances. Lettrés et voyageurs les ont transfigurés en personnages de folklore. Mais des sources de la vie quotidienne existent : naissance, mariage, décès, service militaire ou demande de passeport, contrat devant notaire ou audience chez le juge de paix, absence à l’école, contribution foncière… C’est une société paysanne étonnamment diverse et mobile qui se dévoile au travers de ces fragments de vies minutieusement reconstituées, choisies pour la plupart dans deux villages : Ascain en Labourd et Hélette en Basse Navarre. Tous ces gens de la campagne ne sont pas propriétaires de leurs terres, loin s’en faut. Mais tous sont peu ou prou de petits exploitants pluriactifs, qui s’orientent de plus en plus vers le marché du bétail. Ici comme ailleurs, le XIXe siècle est le siècle de l’insertion dans l’économie de marché d’une économie paysanne vivace. Dans cet ouvrage tiré d’une thèse de doctorat, le lecteur exigeant trouvera tout l’appareil scientifique des sources et des méthodes. Quant au lecteur surtout curieux d’histoire locale, il lira avec intérêt la trentaine d’études de cas qui forment le coeur de l’ouvrage comme autant de sagas familiales, histoires extraordinaires de vies ordinaires tirées de l’oubli.