En 1956, un général allemand, Hans Speidel, est nommé à la tête des troupes terrestres de l’OTAN. En juin 1940 il était à Paris comme chef d’état-major de von Stülpnagel. Il est à ce titre responsable des opérations de police allemande et de l’exécution des résistants et des otages. Après un séjour sur le front de l’Est, il revient en France en 1944 comme chef d’état-major de Rommel. Il trempe dans le complot raté contre Hitler du 20 juillet 1944. Mais, arrêté par la Gestapo, jugé, il sera le seul conjuré acquitté. Tous les autres seront condamnés à mort. Speidel, jamais inquiété après la guerre, fut le conseiller d’Adenauer, puis chef de l’OTAN, car il a su se forger un passé de résistant. Sa nomination au commandement de l’OTAN (dont la France était membre) remua de funestes souvenirs chez beaucoup de Français, résistants et déportés. En 1957, des fils de fusillés et de déportés en âge d’accomplir leur service militaire refusent de servir sous les ordres d’un homme qu’ils pouvaient considérer comme l’assassin de leurs pères. Vingt et un jeunes fils de martyrs, pupilles de la nation, furent arrêtés. L’auteur fut emprisonné en 1956 – 1957, pour cette raison : son père avait été déporté à Auschwitz après avoir passé un an à Compiègne. Il fit partie du convoi du 6 juillet 1942. Le général Speidel était peut-être le responsable de sa déportation. Une formidable campagne de solidarité s’engagea dans tout le pays en leur faveur, montrant l’indignation soulevée par cette nomination.