Presque toutes les guerres s’achèvent par des négociations de paix, parfois même lors de vastes conférences pour la paix, comme à la fin de la Première Guerre mondiale. Exceptionnelles sont celles qui se règlent par une victoire totale d’un des camps : la Seconde Guerre mondiale avec sa notion de capitulation sans condition correspond seule dans l’histoire récente à ce cas de figure.
Aussi, il est assez normal que la guerre du Vietnam se soit terminée par une négociation de paix. La durée de ce processus l’est beaucoup moins, puisque les pourparlers entre Nord-Vietnamiens et Américains débutent le 13 mai 1968 à Paris pour s’achever par les accords de Paris du 27 janvier 1973. Ces accords s’avéreront fragiles : la paix ne s’installera pas véritablement, puisque le régime du Sud-Vietnam s’effondrera définitivement le 30 avril 1975. Une telle durée de près de cinq ans donne aux négociateurs un véritable record du monde : jamais des adversaires n’avaient discuté aussi longtemps. Au cours de cette période, l’intensité des discussions a varié passant du blocage à des avancées subites, elles ont été souvent interrompues mais jamais arrêtées.
Le présent ouvrage rend compte de cette extraordinaire séquence historique ; il passe de la table des négociations dans la banlieue parisienne aux combats sur le terrain qui se déroulent par à‑coups brutaux plus que sur un mode permanent. Il ne peut donc s’agir d’un récit continu, mais d’un va-et-vient permanent entre les négociateurs et les états-majors, avec la résonance des prises de position des opinions.