L’électeur en campagnes est l’histoire d’une recherche sur ce que voter voulut dire dans le Finistère des années 1831 – 1852. En s’intéressant aux électeurs – davantage qu’aux élections – des 282 communes du département, cette enquête qui juxtapose des études de cas et joue sur la variation des échelles (de l’individu au département en passant par le hameau) s’interroge sur les modalités de la « transition démocratique ». Elle espère lever un coin du voile sur les fausses évidences d’une multitude d’actes électoraux qui engagèrent tout autant le devenir d’un régime – la Seconde République du suffrage universel – et d’une nation que la construction d’un espace et d’un temps politiques spécifiques. Si le citoyen-électeur de la Basse-Bretagne – mais ce pourrait être ailleurs, ou presque – des années orléanistes puis républicaines put être porteur d’une « opinion », il fut aussi et surtout le réceptacle et le vecteur d’un ordre démocratique en construction. L’analyse de ses traces à partir de sources profuses (procès-verbaux des élections locales et nationales, chansons qui le mirent en scène, immense corpus protestataire…) et la reconstitution de ses parcours n’aspirent qu’à contribuer modestement aux débats qui concernent la politisation des ruraux dans la France du XIXe siècle et l’ouverture d’un champ des possibles en 1848.