Révolte indienne… À cette évocation, plusieurs images hétéroclites viennent immédiatement à l’esprit : la photographie du chef apache Geronimo posant avec son fusil en 1887, une image en gloire du grand leader néo-inca Tupac Amaru II dans un manuel d’Histoire du Pérou, ou le passe-montagne du sous-commandant Marcos et des insurgés mayas du Chiapas en 1994. Les mouvements recouverts par de telles images ont pourtant peu à voir les uns avec les autres. Ce livre vise à déjouer le piège des mots : l’accusation de « révolte » ou de « rébellion » était le plus souvent une arme rhétorique du pouvoir destinée à disqualifier et à niveler en le criminalisant tout mouvement de contestation de l’ordre colonial. Les textes réunis dans ce volume, qui confrontent les Amériques espagnole et française du XVIe siècle à nos jours, cherchent au contraire à restituer les logiques politiques des principaux intéressés. Ils visent en quelque sorte à rendre la parole aux « révoltés » pour reconstruire chacun des soulèvements, des guerres, des insurrections ou des résistances, masqués par une catégorie trop vague et surdéterminée.