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L’Exil des communards en Nouvelle-Calédonie (1871−1881)

Le ses­qui­cen­te­naire de la Commune de Paris a lais­sé dans l’ombre les condam­nés à un exil per­pé­tuel en Nouvelle-Calédonie. Si le nom de Louise Michel n’était indû­ment asso­cié au bagne, il ne serait plus guère ques­tion des 4 000 insur­gés que les conseils de guerre ont envoyés aux anti­podes pour expier trois types de peine en trois lieux dis­tincts : les tra­vaux for­cés à l’île Nou, la dépor­ta­tion en enceinte for­ti­fiée à la presqu’île Ducos et la dépor­ta­tion simple à l’île des Pins. Après le temps des grâces indi­vi­duelles par­ci­mo­nieu­se­ment accor­dées, il leur fal­lut attendre, pour la grande majo­ri­té d’entre eux, l’amnistie par­tielle de 1879 et l’amnistie plé­nière de 1880 pour retrou­ver le sol métro­po­li­tain qu’ils avaient par­fois quit­té neuf années plus tôt.

Les témoi­gnages lar­ge­ment inédits de quelque 500 d’entre eux per­mettent de mesu­rer les dif­fi­cul­tés d’une exis­tence quo­ti­dienne confron­tée à la misère maté­rielle, au manque de tra­vail ou à l’intermittence du cour­rier ; les inquié­tudes sus­ci­tées par la situa­tion de leurs familles demeu­rées à Paris ou venues par­ta­ger leur sort incer­tain ; les aléas de la vie com­mu­nau­taire, ani­mée par les oppo­si­tions entre « intran­si­geants » et « repen­tis », blan­quistes et « inter­na­tio­na­listes », voire « élé­ments sains » et délin­quants de la « Tierce », ou sim­ple­ment aigrie par le « lan­ci­nant pas­sage des jours » ; les rela­tions conflic­tuelles avec l’administration péni­ten­tiaire et les aumô­niers, défa­vo­ra­ble­ment pré­ve­nus à l’encontre de révo­lu­tion­naires ayant défié le gou­ver­ne­ment légal et mis à mort l’archevêque de Paris ; l’indifférence à l’égard des Kanak, qu’ils les côtoient ou non, jusqu’à l’insurrection de 1878 dont ils espèrent, très majo­ri­tai­re­ment, qu’elle sera répri­mée ; s’y ajoute un inté­rêt dis­tant por­té à la nature tro­pi­cale par ces cita­dins, sinon à l’occasion des tem­pêtes cyclo­niques qui balaient leurs fra­giles paillotes ; reste enfin la convic­tion, soli­de­ment par­ta­gée, qu’ils ne devaient pas déses­pé­rer de l’avenir.

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