L’ouverture de la Chine, dans le sillage des traités inégaux des années 1840, marque aussi le départ de la diffusion de la culture et de la littérature chinoises à l’extérieur de l’empire du Milieu. À partir de cette période, des échanges réguliers, des traductions toujours plus nombreuses et plus fiables, la possibilité de séjours sur place puis l’arrivée en Europe de traducteurs, d’auteurs ou d’étudiants chinois, vont progressivement permettre le renouvellement des représentations de cette « Chine de paravent » qui avait diverti le XVIIIe siècle ou animé ses controverses. La sinologie française du XIXe siècle, dans ses rapports avec les milieux littéraires, offre d’abord sa médiation à la culture et à la littérature chinoises, qui apparaissent sur la scène littéraire par la grande porte : la Chine est l’un des modèles du Parnasse contemporain, placée sous l’égide de Théophile Gautier, de Charles Baudelaire et du jeune Stéphane Mallarmé. Les découvertes et les expériences liées à la Chine et à sa culture se poursuivent ensuite, et aboutissent à des oeuvres toujours originales, chez Judith Gautier, Jules Verne, plus tard Paul Claudel, André Malraux, Raymond Queneau, ou Simone de Beauvoir… Dans le mouvement de ces échanges, le rapport de la littérature française à la culture chinoise provoque en effet toujours une étonnante créativité littéraire. « Livres sur la Chine », imitations, adaptations, traductions littéraires, nouvelles formes poétiques, romans atypiques… Étude des représentations de la Chine, cet ouvrage se présente aussi comme une analyse des processus transculturels de création littéraire qui sont en jeu entre la Chine et la France depuis le XIXe siècle.