Au Japon, l’histoire récente de l’immigration chinoise se distingue par plus de trois décennies d’interruption des entrées, entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la fin des années 1970. Cette longue coupure a eu pour conséquence la constitution de deux communautés chinoises complètement indépendantes l’une de l’autre : celle des anciens immigrés, appelés les oldcomers, et celle des nouveaux arrivants, les newcomers. Les newcomers chinois, ces résidents arrivés depuis le milieux des années 1980, sont étudiés ici. Si de nombreux Chinois s’installent au Japon à l’issue de leurs études et ne « rentrent » pas dans le sens classique du terme, on observe également aujourd’hui, des retours « alternatifs » ou « partiels », et des phénomènes de circulation entre le pays d’origine et le pays de résidence. La proximité géographique entre la Chine et le Japon favorise inévitablement la mobilité des résidents chinois. Le maintien de liens quotidiens avec la société d’origine, grâce aux pratiques transnationales d’une part, l’extrême mobilité de travailleurs hautement qualifiés d’autre part soulèvent des inquiétudes dans l’État-nation d’accueil, le Japon, quant à la possibilité de les introduire dans le processus d’intégration censé préserver le bon fonctionnement et l’homogénéité de la nation. Ils sont perçus par la société hôte comme des populations de passage, ce qui remet en question la nécessité même de mener des politiques d’intégration.