La mise en place de populations sémites – ou considérées comme telles – en Afrique du Nord et dans les lisières septentrionales du Sahara, remonte à l’antiquité. De nombreuses communautés juives se rattachent au premier et au deuxième Temples. Unis devant l’oppression romaine, Juifs et Berbères opèrent un rapprochement tactique qui inscrit leur résistance dans la durée et facilite d’importants transferts culturels qui ne justifient pas, cependant, la théorie de la sémitisation ou de la judaïsation des Berbères. Les communautés juives installées au nord et au cœur du Sahara ne participent, du IXe au XIVe siècle, au commerce transsaharien, que par la redistribution des produits soudanais en Afrique du Nord et au-delà. Aux XIVe et XVe siècles, leur implication dans ce commerce est intense, avant que l’Askya Mohamed ne brise nette une dynamique qui ne se remettra en place qu’aux XVIIIe-XIXe siècles. Aussi, en liaison avec le commerce transsaharien, mais pas seulement lui, retrouve-t-on des communautés juives ou des commerçants juifs présents, avec des fortunes diverses et à des périodes différentes, dans le Sahara mauritanien, la boucle du Niger et un peu partout dans le Sahel ouest-africain. Le commerce aidant, les transferts et les échanges culturels sont nombreux et féconds, amenant l’historien à déceler dans la question des origines sémitiques, de la judéité ou de la judaïsation de peuples sahariens ou soudanais une part non négligeable de réappropriation de mythes bibliques et de rattachement à l’islam, par une subtile réécriture de l’histoire.